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Présence de la psychanalyse – Bordeaux – En visioconférence
19 septembre 2020 - 9 h 00 min - 12 h 00 min
Un événement le 3 octobre 2020 à 9:00am
Un événement le 14 novembre 2020 à 9:00am
Un événement le 12 décembre 2020 à 9:00am
Un événement le 16 janvier 2021 à 9:00am
Un événement le 27 février 2021 à 9:00am
Un événement le 27 mars 2021 à 9:00am
Un événement le 8 mai 2021 à 9:00am
Un événement le 19 juin 2021 à 9:00am
La situation sanitaire ne nous permet pas de nous rencontrer samedi prochain dans les locaux de l’Alliance française pour notre matinée de travail. Nous vous proposons de maintenir ce temps de travail en utilisant l’application Zoom.
Présence de la psychanalyse
Séminaire ” De das Ding à l’objet a”,
Animé par Isabelle MORIN
L’an dernier, nous avons travaillé sur la Chose (das Ding) grâce à nos collègues, Yamina Salem, Elise Peypoudat-Richard et Séverine Chappuis qui ont suivi pas à pas la Chose dans le séminaire VII l’Ethique.
Cette Chose irreprésentable, étrangère, qui fait trou au cœur du symbolique d’où émerge le réel, est le lieu d’une jouissance intolérable. Elle tient au langage et a des effets sur l’émergence du sujet. Freud le démontre en 1925 en interposant la fonction du jugement pour que le réel émerge de cette opération. La Chose est une vacuole en exclusion interne au sujet qui inscrit le Nebenmensch, ce prochain, le plus proche, le plus intime au plus extime.
Pourquoi Lacan a-t-il dû inventer l’objet a, devant quelles nécessités cliniques ? La Chose avait-elle ses limites et pourquoi ?
Nous essaierons cette année de suivre le pas de Lacan, de repérer les points de butée, les chicanes et les avancées dans cette aventure qui l’a conduit de la Chose au cœur de l’éthique, à l’objet a au cœur de la cure.
A chaque rencontre ceux qui le souhaiteront, pourront intervenir sur un passage des séminaires ou des écrits qui éclairent la question seront les bienvenus.
Isabelle Morin
Atelier Psychanalyse et création
Michel Lapeyre, dans son ouvrage : Psychanalyse et création, la cure et l’œuvre invite à un rapprochement de la psychanalyse avec l’œuvre de création.
Il retient ceci :
Prendre plutôt que donner des leçons auprès de l’art et du poète (p 41)
La création est avant tout, et toujours, une prise sur le réel, sur un réel, sur un bout de réel (p 36)
Une œuvre donne existence à un monde mais pas sans faire être un effet sujet voire un sujet : elle fait être au monde (y venir et lui appartenir), elle met au monde. (p 35)
Sans peut-être aller dans l’analyse d’une œuvre, l’exposé au singulier d’une rencontre avec un livre, un film, une musique… engagerait un travail à plusieurs pour tenter, par l’échange, lors de cet atelier, de tirer un savoir sur ce que la création nous enseigne, sur ce que l’artiste nous apprend.
(Michel Lapeyre, Psychanalyse et création, la cure et l’oeuvre. PUM, 2010)
Nous vous proposons de poursuivre l’Atelier Psychanalyse et Création en 2020-2021 sous des modalités diverses.
L’atelier invite quelques-unes, quelques-uns à venir nous entretenir de leur rencontre avec une œuvre de création : film, livre, pièce de théâtre, musique, exposition….
Il est possible de :
– Présenter une œuvre remarquée,
– Présenter un(e) artiste voire organiser une rencontre avec celle-ci, celui-ci,
– Présenter un texte de psychanalyse sur l’art.
Et il est possible aussi d’inventer d’autres propositions d’intervention.
Si certains ont déjà un désir de participer à cet atelier, nous vous invitons à nous le faire savoir.
Anne Laure DEMIAS : Pour mettre en appétit, et interroger la création je reprends trois énoncés :
Dans la présentation de son livre “Qu’est-ce que rêver ?”, Pierre Bruno dit à propos de ce qu’écrit Lacan sur le tableau “Les Ménines” de Vélasquez : ” Le Réel c’est ce que l’on a sous les yeux sans pouvoir jamais le voir […] ce qu’on a sous les yeux et qu’on ne peut jamais voir. «A travailler sur un acte créateur ou bien avec un artiste, il me semble qu’on tente de s’approcher de ce réel-là et de la façon dont l’artiste fait avec ce réel.
Laure Thibaudeau écrit dans un article intitulé “Création artistique, mystique et psychanalyse” : “Posons l’hypothèse que ce qui oriente ces trois champs, et ce qu’ils découvrent, est une volonté d’enserrer le réel du vivant en offrant une place, la place à un éprouvé qui échappe, comme étant la part nécessaire à la création, à laquelle ils ont à se soumettre sans réserve, voire sereinement. Laisser advenir le vivant, s’en laisser traverser en consentant à ce que le réel leur fait rencontrer, telle semble être la décision en jeu.”
Dans la revue Psychanalyse numéro 20 : Elle ajoute : « Il est remarquable, à considérer ce que disent le poète, l’artiste, le mystique ou l’analyste, de constater que tous témoignent qu’au-delà des vertiges de souffrances, de mort et d’anéantissement qu’ils ont traversés, ils ont rencontré un vide transformant leur être de façon radicale et sans retour, donnant un souffle et une vitalité inconnus jusqu’à présent dans leur lien au monde. »
Est-ce que ce souffle, cette vitalités inconnus ne sont pas ce qui passe et se transmet dans l’œuvre de l’artiste ? Et donc peut-être ce que nous essayons de faire partager, à notre tour, dans ces présentations ?
Yamina Salem : Quelques réflexions pour l’atelier Psychanalyse et création
Dans le texte de Pierre Bruno, « Du côté des Ménines » dans le numéro 44 de Psychanalyse, l’auteur reprend quelques références théoriques et philosophiques sur lesquelles LACAN s’appuie pour « fournir une réponse à la question : qu’est qu’une représentation ? »
Pierre Bruno attire notre attention, en prenant l’exemple de la peinture, sur l’invention de la toile : « celle qu’on peut déplacer…son châssis…sa bi dimensionnalité…et même la mise en cause de la toile comme support »
Il évoque Picasso, celui-là même qui a ouvert un champ pourrait-on dire, celui de l’objet-art. Dans une partie de l’œuvre du peintre, il peint des objets, SUR des objets (c’est moi qui souligne) : « planches de bois, des tôles, des objets quelconques prélevés dans son environnement ». Pierre Bruno les rapproche du ready-made de Duchamp. La toile comme support, tout comme l’objet comme support.
Pierre Bruno tire la toile du côté de l’écran, qui selon la définition de Freud, cache plus qu’il ne révèle. L’écran cache l’absence, plus précisément, il empêche de de voir l’absence, « cache ça dit la mère, tu ne pourras pas voir ce que je n’ai pas ».
Nous sommes au cœur, de l’objet et de la pulsion. Lacan souligne cela de façon nette quand Freud évoque la sublimation : «.. Le mot objekt vient à tout instant sous sa plume dès qu’il s’agit de différencier ce dont il s’agit concernant la sublimation. Il ne peut qualifier la forme sublimée de l’instinct sans référence à l’objet, quoi qu’il fasse ; » p 113 de l’Ethique.
Dans l’analyse, l’objet est foncièrement imaginaire, et la libido sexuelle vient trouver sa satisfaction dans les objets. Disant cela, Ce sont les fondements freudiens qui nous orientent, fondement narcissique de l’objet.
Mais cet objet n’est pas la Chose, Lacan insiste : « au cœur de l’économie libidinale. Et la formule …que je vous donne de la sublimation », c’est qu’elle élève l’objet à la dignité de la Chose » P 133 de l’Ethique de la psychanalyse.
C’est à travers l’exemple de la boite d’allumette de son ami Prévert que Lacan fait cette démonstration. Quand il arrive chez son ami, il est saisi d’abord par la beauté de la disposition, « excessivement agréable ». C’est ici un autre objet, la boite d’allumette, c’est un objet de collection dit Lacan.
Dans la description qu’il fait, de la collection de boites, qui courent, comme ornement, il y décrit un trajet, là encore « excessivement satisfaisant ».
Lacan nous montre ce qu’il reste de la Chose dans la collection qu’il regarde, de la révélation de la Chose, au-delà de l’objet. « Cela vous montre une des formes, la plus innocente, de la sublimation » p135-136.
De la fonction de l’écran que constitue la toile, que va faire la peinture ? interroge Pierre Bruno. Elle peut couvrir l’écran, « le badigeonner, en faire ce qu’on appelle une croute…mémorial d’une coupure qui est refermée », c’est ici une fonction de bouchon. C’est donc l’inverse de ce que produit la peinture, ce que Pierre Bruno introduit c’est une transformation de l’écran en fenêtre.
« C’est pourquoi il n’est pas difficile de voir que faire une croute suppose …une haine de la peinture des autres. ca consiste à boucher les fenêtres »
Ça me semble intéressant comme boussole.